Nerf vague : le grand régulateur du corps à stimuler pour une meilleure santé

Un rôle fondamental dans l’organisme

Si on peut le comparer à un chef d’orchestre, il est aussi une sorte d’agent secret du corps humain, en ce sens que le nerf vague agit de façon discrète mais essentielle. 

Il est une voie très importante du système nerveux autonome (autrefois nommé système végétatif) qui dirige les fonctions involontaires du corps (celles que le corps contrôle de lui-même). 

Le nerf vague est composé d'environ 160 000 fibres nerveuses. Sa cartographie précise est d’ailleurs l'objectif d'un projet de trois ans démarré en 2023, financé par l'Institut national de la santé des États-Unis.

Il régule une multitude de fonctions automatiques essentielles comme la digestion, la respiration ou la fréquence cardiaque. Présents de chaque côté du corps, les deux nerfs vagues (droit et gauche) ont des fonctions variées, innervant la majorité de nos organes internes et facilitant la communication entre le cerveau et le corps.

Ses deux branches sont constituées du système nerveux sympathique et du système nerveux parasympathique. 

Le système nerveux sympathique (ou orthosympathique) est celui qui prépare le corps à des situations qui exigent de la force et une perception accrue, mais aussi qui éveillent la peur, la colère, l’excitation ou la gêne. C’est ce qu’on appelle plus globalement la réaction de combat ou de fuite. On dit que le système sympathique est ergotrope, c'est-à-dire producteur d'énergie. 

On comprendra donc que c’est ce versant qui est responsable de l'augmentation de la fréquence cardiaque, de l'accélération de la respiration, tout en la rendant moins profonde. Il dilate également les pupilles et stimule le métabolisme. 

À l’inverse du système nerveux sympathique, la branche parasympathique a un effet apaisant sur le corps. Elle permet à la fréquence cardiaque et à la respiration de revenir à la normale, aux pupilles de rétrécir et au métabolisme de ralentir afin de préserver l’énergie. Le système parasympathique est trophotrope, c'est à dire animateur de fonctions métaboliques, restauratrices d'énergie.

Au sens général, la fonction du système nerveux autonome est de conserver l’homéostasie (l'équilibre) face à toute modification interne ou externe

Les principales fonctions du nerf vague dans l’organisme

• Sensations auriculaires : Un rameau du nerf vague est responsable des perceptions cutanées de l’oreille. C’est aussi une zone de stimulation en auriculothérapie.
• Déglutition et voix : Il contrôle des muscles du pharynx, indispensables à la déglutition et à la production vocale.
• Rythme cardiaque : Le nerf vague ralentit le rythme cardiaque et diminue la force des contractions du cœur, particulièrement au repos.
• Fonctions hépatiques : Il participe à la régulation des nombreuses fonctions du foie, y compris la détoxification, la production de bile et l’équilibre glycémique.
• Vidange biliaire : Il signale à la vésicule biliaire de libérer la bile pour faciliter la digestion des graisses.
• Satiété et glycémie : Il intervient dans la sensation de satiété et la régulation du taux de sucre dans le sang via des hormones spécifiques.
• Sécrétion d’enzymes digestives : Le nerf vague commande la libération des enzymes digestives par le pancréas.
• Péristaltisme : Il active les mouvements du tube digestif, permettant la progression des aliments.
• Réponse immunitaire : Il influence la régulation de l’immunité, notamment via des organes comme la rate et le thymus.
• Microbiote intestinal : Il assure une communication rapide entre l’intestin et le cerveau, influençant l’humeur et les comportements alimentaires.
• Fonction rénale et pression artérielle : Il participe à la régulation des reins et à l’équilibre de la tension artérielle.

Comme nous le verrons dans le détail dans le tableau suivant, tous les contrôles et actions se font en duo. Si on prend l’exemple de la vision, le contrôle parasympathique agit sur le muscle « constricteur » et le muscle ciliaire, tandis que le contrôle orthosympathique se charge du muscle « dilatateur ». Les deux travaillent ensemble aux fonctions suivantes : 

• Accommodation vue de près/vue de loin
• Accommodation à la lumière
• Régulation de la pression intraoculaire

Effets des deux systèmes sur les différents organes

Conséquences d’un nerf vague dysfonctionnel

Un nerf vague affaibli ou déséquilibré peut être à l’origine de troubles variés : digestion difficile, calculs biliaires, absence de satiété, résistance à l’insuline, apnée du sommeil, transit perturbé, dérèglements immunitaires, etc.

Un dysfonctionnement du nerf vague peut avoir de nombreuses conséquences sur la santé, car il participe à la régulation de la plupart de nos fonctions automatiques d'adaptation. Plusieurs problèmes associés à une mauvaise signalisation vagale peuvent subvenir :

Mauvaise respiration : Une mauvaise respiration est la raison la plus fréquente d'une mauvaise signalisation vagale. Une respiration incorrecte et inefficace, où le diaphragme n'est pas suffisamment utilisé, affecte la dilatation des poumons et réduit l'efficacité de la transmission des signaux par le nerf vague. Des obstructions des voies respiratoires supérieures (nez, pharynx, larynx, trachée) dues à de mauvaises postures ou à des problèmes comme la déviation de la cloison nasale ou l'apnée du sommeil peuvent également entraîner une mauvaise respiration et impacter le nerf vague. Une voix monocorde peut être le signe d'un contrôle insuffisant des muscles laryngés par le nerf vague.

Problèmes digestifs : Un nerf vague peu tonique peut entraîner une altération de la progression du bol alimentaire, se manifestant par de la constipation chronique ou de la diarrhée. Un transit intestinal trop rapide (moins de 12 heures) ou trop lent (plus de 20 heures) peut indiquer un dysfonctionnement vagal. Une mauvaise mastication et manger dans un environnement stressant peuvent également nuire à la signalisation du nerf vague et à une digestion optimale. Un nerf vague endommagé peut entraîner une hypochlorhydrie (faible taux d'acidité gastrique). Un dysfonctionnement vagal peut aussi être lié à la prolifération bactérienne de l'intestin grêle (SIBO), car le nerf vague est nécessaire à la progression normale des aliments dans les intestins. Des aigreurs d'estomac peuvent également survenir.

Dysfonctionnement du foie et de la vésicule biliaire : Un influx vagal insuffisant peut affecter la production de bile et de sels biliaires par le foie et la libération de bile par la vésicule biliaire, pouvant favoriser la formation de calculs biliaires. La cholestase obstructive (incapacité de la vésicule biliaire à évacuer la bile nécessaire) peut résulter d'un mauvais signal du nerf vague. Le nerf vague est également impliqué dans la régulation de l'équilibre glycémique et le métabolisme des graisses par le foie.

Problèmes de satiété et de régulation de la glycémie : Un nerf vague insuffisamment actif peut ne pas envoyer efficacement les signaux de satiété au cerveau, entraînant une sensation continuelle de faim et une suralimentation. Un dysfonctionnement vagal peut également contribuer à la résistance à l'insuline et au diabète de type 2 en affectant la signalisation entre l'intestin, le cerveau et le pancréas concernant la libération d'insuline.

Dysrégulation du système immunitaire et inflammation chronique : Un nerf vague défectueux perd sa capacité à ralentir et maîtriser l'inflammation. L'inflammation chronique est un signe courant de mauvaise signalisation vagale et peut se manifester par des douleurs, des maladies auto-immunes et d'autres problèmes.

Problèmes cardiaques : Le nerf vague joue un rôle majeur dans le maintien d'une fréquence cardiaque confortable au repos. Un dysfonctionnement peut se manifester par une fréquence cardiaque qui ne se normalise que lentement après un stress. À l'inverse, un nerf vague hyperactif et un système nerveux sympathique peu actif peuvent provoquer un malaise vagal (évanouissement bénin).

Troubles du sommeil : Le sommeil réparateur profond (phases 3 et 4) est essentiel pour l'entraînement du nerf vague. Un manque de sommeil réparateur peut donc impacter négativement son fonctionnement.

Impact sur l'humeur et les interactions sociales : Un faible tonus vagal est lié à la dépression et aux baisses de l'humeur. Une activité vagale plus élevée est associée à plus d'émotions positives et à une meilleure appréciation des interactions sociales.

Autres symptômes et conditions : Un dysfonctionnement vagal a été associé à diverses maladies, notamment la maladie d'Alzheimer, l'arthrose, l'asthme, le cancer, la maladie de Crohn, le diabète, les maladies cardiaques, l'hypertension, le syndrome de tachycardie orthostatique posturale (POTS), la colite ulcéreuse et d'autres maladies inflammatoires. Une mauvaise fonction hépatique et une détoxification inefficace peuvent également être liées à un dysfonctionnement du nerf vague. Des problèmes d'équilibre, un larmoiement et une hypersalivation peuvent aussi indiquer un déséquilibre du système nerveux autonome avec une faiblesse sympathique et une prépondérance parasympathique. Des difficultés à créer de nouveaux souvenirs et un "esprit embrumé" peuvent être liés à un dysfonctionnement du nerf vague et à un déséquilibre du microbiote intestinal entraînant une inflammation cérébrale.

Il est important de noter que ces dysfonctionnements ne se produisent pas isolément, car le nerf vague transmet des signaux vers et depuis de nombreux organes.

Dans quelle mesure l'adoption de pratiques d'activation du nerf vague peut-elle améliorer la santé globale ? 

Quand on prend conscience des fonctions du système nerveux autonome et du rôle de pilotage du nerf vague, il apparaît plus clairement que l'adoption régulière de pratiques d'activation de ce nerf peut avoir un impact significativement positif sur la santé globale, et tout cela naturellement. En améliorant le tonus vagal, on peut favoriser : 

• une meilleure régulation du stress, 
• une digestion plus efficace, 
• un sommeil de meilleure qualité, 
• une réponse immunitaire équilibrée, 
• une gestion de la glycémie optimisée et une amélioration de l'humeur. 

Le corps possède un formidable potentiel d'auto-guérison inné qui est grandement soutenu par un nerf vague fonctionnel. Les exercices de respiration consciente sont à la portée de chacun et ne nécessitent que quelques minutes par jour. Ils peuvent être une approche puissante pour prendre en charge ses troubles et reprendre le pouvoir sur sa santé.

J’encourage vivement les personnes souffrant de maux chroniques à faire réaliser un bilan naturopathique qui mettra en lumière la cause profonde des troubles. S’il s’avère que leur tonus vagal est en partie responsable de des symptômes, je pourrai leur proposer une série d’exercices spécifiques qui, en complément d'autres mesures d’hygiène alimentaire et d’hygiène de vie, participeront à leur faire retrouver un meilleur confort de vie.

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Comment stimuler naturellement le nerf vague

Plusieurs méthodes simples, naturelles et accessibles permettent d’activer et de renforcer le nerf vague :

• Respiration diaphragmatique lente : Pratiquée quotidiennement, elle soutient la détente et le tonus vagal.
• Exposition au froid : L’eau froide stimule le nerf vague et le système parasympathique.
• Chant, bourdonnement, son "om" : Ils activent les muscles du larynx et favorisent une réponse vagale.
• Gargarisme : Il mobilise des muscles liés au nerf vague.
• Stimulation du voile du palais : Par certains réflexes, elle peut relancer l’activité vagale.
• Mastication consciente et alimentation lente : Favorisent une bonne signalisation digestive.
• Alimentation saine et biologique : Soutient le microbiote intestinal, partenaire du nerf vague.
• Gestion du stress et pleine conscience : Réduisent l’hyperactivation du système sympathique.
• Méditation : Centre l’attention sur la respiration, calmant l’esprit.
• Rire et relations sociales : Les émotions positives renforcent l’activité vagale.
• Musique relaxante : Favorise la détente et l’équilibre du système nerveux.
• Jeûne intermittent : Peut améliorer la variabilité de la fréquence cardiaque, indicateur d’un bon tonus vagal.
• Probiotiques (comme les Bacillus) : Soutiennent la santé intestinale.
• Stimulation électrique non invasive : Des dispositifs existent, mais les approches naturelles sont généralement privilégiées.

Comment évaluer la santé de son nerf vague ?

C’est le rôle du thérapeute de relever les indices en questionnant le consultant. L’observation de la manière de respirer est elle aussi un bon indicateur. Il existe plusieurs méthodes, dont : 

• Variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) :
  Certains médecins ont la possibilité de mesurer indirectement le tonus vagal au travers de l’activité des viscères qu'il innerve. Leur méthode consiste à enregistrer en continu d’un électrocardiogramme sur plusieurs minutes, voire plusieurs heures. La variabilité du rythme cardiaque enregistré reflète l’activité du nerf vague. Heureusement, il existe des dispositifs moins lourds à mettre en œuvre pour mesurer la VFC, comme les outils HeartMath, Inner Balance ou Oura Ring.
  La VFC est un bon indicateur de l’équilibre entre les branches sympathique et parasympathique du système nerveux.
• Test de respiration paradoxale : Évalue l’utilisation du diaphragme dans la respiration.
• Test du transit des graines de sésame : Permet d’observer son rythme digestif.

Une vision vitaliste de la santé

Ce regard sur le nerf vague s’intègre pleinement dans une approche vitaliste de la santé. Il repose sur l’idée que le corps est doté d’une capacité naturelle d’autorégulation et d’autoguérison. Respecter ses besoins fondamentaux, ses rythmes biologiques et ses lois naturelles est essentiel pour soutenir cette intelligence du vivant.

Faits et idées clés à retenir

🔸 Le nerf vague est un acteur majeur du système nerveux autonome

🔸 Il influence de nombreuses fonctions inconscientes comme la digestion, le rythme cardiaque ou la respiration.

🔸 Un nerf vague en déséquilibre peut engendrer des troubles variés.

🔸 Des pratiques simples et naturelles permettent d’en améliorer le fonctionnement.

🔸 La variabilité de la fréquence cardiaque est un marqueur fiable de sa vitalité.

🔸 En prenant soin de son nerf vague, on agit en profondeur et durablement pour sa santé physique, émotionnelle et mentale.

Conclusion

Comprendre le rôle du nerf vague et savoir comment soutenir son bon fonctionnement est un véritable levier de mieux-être. Cette connaissance, autrefois réservée aux spécialistes, devient aujourd’hui accessible à chacun.

En cultivant un bon tonus vagal par des moyens naturels, on renforce son terrain, on est apaisé et on favorise l’harmonie corps-esprit, dans l’esprit même de la naturopathie.

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Crédit photo : Science Photo Library - Canva.